L’avis du Psy #13 : La réalité mixte : le projet de demain pour nos personnes âgées ?
Depuis quelques années, les nouvelles technologies connaissent une très grande croissance dans le domaine de la santé, et notamment dans la sphère thérapeutique. L’utilisation de la réalité virtuelle, très documentée, est amenée à être bousculée par la réalité mixte.
Définition de la réalité mixte
Pour bien comprendre ce qu’est la réalité mixte, reprenons d’abord la définition de la réalité virtuelle. Selon Pan et al. (2006), elle se définit par l’utilisation de systèmes d’infographie en combinaison avec divers dispositifs d’affichage et d’interface pour produire un effet d’immersion dans l’environnement interactif généré par l’ordinateur. Ce même auteur distingue la réalité mixte en la définissant comme l’incorporation d’objets infographiques virtuels dans une scène tridimensionnelle réelle, ou a contrario, l’intégration d’éléments réels dans un environnement virtuel.
Autrement dit, la réalité mixte combine la réalité virtuelle et la réalité augmentée. Elle crée un environnement où le virtuel se mêle harmonieusement au réel.
Application de la réalité mixte comme un outil thérapeutique
La réalité mixte ouvre la voie à des thérapies personnalisées. Des environnements calmes et apaisants peuvent être créés pour favoriser la relaxation et la méditation. C’est une manière novatrice d’apporter le calme et l’équilibre émotionnel.
Au niveau de la recherche, une revue de littérature (John et Wickramasinghe, 2020) met en avant que très peu d’études existent concernant l’utilisation de la réalité mixte dans les soins de santé, mais que le peu d’études existantes démontre des preuves claires que des recherches plus approfondies sont nécessaires. À ce jour, les études existantes chez la personne âgée s’intéressent particulièrement à l’utilisation de cet outil dans un cadre de prévention.
Dans le cadre de la prévention, des recherches comme celle de Christova et al. (2022) s’intéressent au diagnostic précoce des troubles cognitifs afin de permettre une prise en charge adéquate de la démence avec la création d’outil de dépistage. Cette étude a permis la création d’un prototype évaluant les fonctions cognitives, la sensibilité olfactive, les préférences nutritionnelles, la marche, le temps de réaction ou encore les activités de la vie quotidienne. Les auteurs postulent l’idée d’un outil plus attractif et plus adapté. Un très gros pan de la recherche sur la réalité mixte chez la personne âgée s’intéresse à cet outil dans le cadre de la prévention de la chute. En effet, liées à l’âge, les chutes et les blessures constituent un problème de santé publique majeur en constituant la cinquième cause de décès chez la personne âgée (Kannus et al., 2005). Il est reconnu que l’exercice physique permet de réduire ce risque de chute (Papalia et al., 2020), mais l’attractivité de ce type d’exercice est assez faible. C’est en ce sens que la réalité mixte se veut être un outil adapté. Dans une revue systématique de la littérature et une méta-analyse Nishchyk et al. (2021) ont mis en avant un effet positif de l’utilisation de cet outil sur les fonctions physiques des personnes âgées, ayant un effet prometteur pour améliorer leurs états de santé en étant plus attractif.
Quels sont les avantages de la réalité mixte ?
Par rapport à la réalité virtuelle, la réalité mixte présente un avantage majeur : elle permet un ancrage dans la réalité. Là où la réalité virtuelle coupe l’utilisateur de la réalité, l’utilisation de la réalité mixte permet d’intégrer l’avantage du virtuel tout en gardant contact avec la réalité. De plus, elle évite les problèmes de cinétose qui peuvent être parfois dérangeants dans l’utilisation de la réalité virtuelle.
Dans un objectif d’interaction sociale, la réalité mixte permet une interaction avec l’environnement physique et notamment les autres résidents tout en profitant de l’expérience en cours. Cela pourrait prendre plusieurs formes comme la création d’activités ludiques en coopération ou encore d’outils adaptés pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.
En somme, la réalité mixte permet l’alliance des différents outils que nous connaissons actuellement dans le domaine thérapeutique avec la réalité virtuelle et la réalité augmentée. C’est un champ de recherche et d’accompagnement encore peu étudié, laissant place à toute notre imagination pour penser à ce qui se fera demain.
Références :
Christova, M., Strohmaier, R., Fuchs-Neuhold, B., Guggenberger, B., Loder-Fink, B., Draxler, T., Palli, C., Simi, H., Schadenbauer, S., Nischelwitzer, A., Sprung, G., Pilz, R., Darkow, R., et Staubmann, W. (2022). Mixed Reality Prototype of Multimodal Screening for Early Detection of Cognitive Impairments in Older Adults : Protocol Development and Usability Study. JMIR Research Protocols, 11(10), e39513. https://doi.org/10.2196/39513
John, B., et Wickramasinghe, N. (2020). A Review of Mixed Reality in Health Care. In N. Wickramasinghe & F. Bodendorf (Éds.), Delivering Superior Health and Wellness Management with IoT and Analytics (p. 375‑382). Springer International Publishing. https://doi.org/10.1007/978-3-030-17347-0_18
Kannus, P., Parkkari, J., Niemi, S., et Palvanen, M. (2005). Fall-Induced Deaths Among Elderly People. American Journal of Public Health, 95(3), 422‑424. https://doi.org/10.2105/AJPH.2004.047779
Nishchyk, A., Chen, W., Pripp, A. H., et Bergland, A. (2021). The Effect of Mixed Reality Technologies for Falls Prevention Among Older Adults : Systematic Review and Meta-analysis. JMIR Aging, 4(2), e27972. https://doi.org/10.2196/27972
Pan, Z., Cheok, A. D., Yang, H., Zhu, J., et Shi, J. (2006). Virtual reality and mixed reality for virtual learning environments. Computers & Graphics, 30(1), 20‑28. https://doi.org/10.1016/j.cag.2005.10.004
Papalia, G. F., Papalia, R., Diaz Balzani, L. A., Torre, G., Zampogna, B., Vasta, S., Fossati, C., Alifano, A. M., et Denaro, V. (2020). The Effects of Physical Exercise on Balance and Prevention of Falls in Older People : A Systematic Review and Meta-Analysis. Journal of Clinical Medicine, 9(8), 2595. https://doi.org/10.3390/jcm9082595